Toutes les innovations pédagogiques tendent à remettre en question le traditionnel cours magistral (CM) première étape de tout apprentissage (préalable au TD, TP, projet d’application, stage).
Les étudiants sont extrêmement critiques vis-à-vis de ce type de cours: trop soporifique, inutile, trop d’informations, pas d’interaction pour lever une incompréhension…
Les enseignants se plaignent aussi d’un manque d’attention des étudiants (absence physique ou mentale, bruits de fond…)


D’où la question pour celui qui veut bien se la poser : « je tente de transmettre mais apprennent-ils ? ».
Il est toutefois surprenant d’entendre autant de critiques des cours magistraux et de constater en même temps un engouement pour des conférences présentées de façon « magistrale », y compris par des experts de la pédagogie active.


Ne rangeons donc pas à la cave pédagogique ce « bon vieux cours magistral » et regardons de plus prés les conditions de sa réussite :

  • L’enseignant dans la transmission de son savoir doit avoir, auprès des élèves, une crédibilité d’expert et de « pédagogue » ou plutôt de bon communicant sachant structurer et présenter son contenu (objectif, plan…)
  • Les étudiants doivent être motivés par le sujet (est ce que ce cours m’intéresse, m’est utile ?) et surtout maitriser les pré-requis (notion, concept, postulat…) nécessaires pour suivre et comprendre le contenu
  • La durée du cours ne doit pas excéder 1 h, (½ h c’est mieux) eu égard à la capacité d’attention et la quantité d’informations mémorisables (7+ou- 2 Unités d’informations indépendantes en mémoire à court terme ou de travail).
  • Possibilité donnée aux étudiants de vérifier pendant et après le cours leur compréhension et leur mémorisation: Quizz, document papier ou numérique (complément au diaporama projeté), film…
  • Excepté pour un cours de sensibilisation, un travail personnel supplémentaire par l’étudiant est donc nécessaire.
  • Attention, un étudiant peut avoir pris plaisir à écouter un cours sans que les objectifs d’apprentissage soient atteints.


Si ces conditions ne sont pas présentes, le CM devient alors un outil de sélection (courbe de GAUSS), seuls les étudiants les plus autonomes, volontaires dans leur apprentissage s’en sortent.
Or à l’ENAC, une fois les concours passés, nous visons le 100% de réussite. Alors que faire ?

  • Comme présenté ci-dessus avec un CM placé en première étape d’un dispositif d’apprentissage, nous devons vérifier la présence des conditions de sa réussite (crédibilité de l’enseignant, motivation, pré requis, évaluation des apprentissages).
  • L’autre possibilité est de proposer un cours magistral dans un deuxième temps, après avoir confronté les étudiants à d’autres activités d’apprentissage : situation problème, projet, apprentissage d’une leçon en autonomie ou en groupe. Dés lors, qu’il se posera des questions, qu’il tentera d’y répondre seul ou en groupe, il sera confronté à un problème qui l’intéresse et dont la solution nécessite la mobilisation de notions, de concepts, de règles…, alors l’étudiant sera plus disposé à recevoir un cours magistral que l’on nommera « cours de restructuration ».


N’hésitons donc plus à changer l’ordre classique CM, TD, TP, projet, stage. Commençons par proposer un TD, un TP, un projet ou pourquoi pas un stage avant le CM, mettons nos étudiants dans des activités d’apprentissage actif et concevons des cours magistraux (cours de restructuration) à partir des difficultés rencontrées, des incompréhensions constatées par l’enseignant.


Il est donc important de garder le cours magistral dans la panoplie diversifiée de tout enseignant, c’est une occasion d’acquérir un nombre important d’informations en un minimum de temps pour un maximum de personnes. Respectons simplement les conditions de son efficacité.
Ainsi, L’enseignant pourra continuer à transmettre son savoir pour permettre aux étudiants de le transformer en connaissance.

Rédacteur : Jean Cros – Conseiller pédagogique au Learning Hub de l’ENAC

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