Le plagiat peut se produire de différentes manières et dans différents contextes, aussi il n’existe pas de définition unique. Dans le cas du plagiat académique nous verrons qu’il ne s’agit pas d’une affaire entre le plagieur et le plagié mais que nous sommes tous concernés.
Café Learning Hub du 16 janvier 2025 – Présenté par Karine Hernandez, bibliothécaire au Learning Hub de l’ENAC
Voici le replay et en dessous un résumé de la présentation.
Que faire en cas de plagiat ? Est-ce à moi d’aborder le sujet avec les élèves ? Comment les accompagner ?
Le plagiat et la contrefaçon (droits des auteurs)
Le plagiat est une notion aux contours variables. Dans le langage commun le plagiat est souvent associé à la contrefaçon (Latil, 2017) aussi je vous propose de (re)voir ensemble ce qu’elle recouvre.
Le délit de contrefaçon est défini par le Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) et désigne notamment le fait de reproduire « une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur. » (CPI, Art. 335-3) Un auteur peut faire valoir ses droits sur son œuvre « quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination » (CPI, Art. L112-1) indépendamment du fait qu’elle ait été commercialisée ou même achevée. (L 111-2)
Pour que le législateur sanctionne un cas de contrefaçon, un auteur doit faire la preuve de similitudes entre son œuvre et celle incriminée. Ce qui n’est pas toujours facile à prouver lorsqu’il y a reprise d’idées scientifiques. C’est pourquoi certains auteurs pourtant plagiés n’auront pas gain de cause au tribunal. (Bergadaà, 2015)
Il est par conséquent important de comprendre que la contrefaçon et le plagiat ne se recouvrent en réalité pas tout à fait. Voici 3 exemples pour illustrer ce point :

Une atteinte aux droits du lecteur
Parmi les 10 conséquences du plagiat listées par Michèle Bergadaà (2015) deux seulement nuisent directement à l’auteur plagié.

Bergadaà insiste sur le fait que la détection et la sanction du plagiat ne peuvent pas reposer uniquement sur la plainte de la personne plagiée. Dans le tableau ci-dessus, il est clair qu’un comportement de plagiaire nuit aux institutions elles-mêmes qui devraient de fait se saisir sérieusement de la question. Elle soulève par ailleurs que le plagiat est une « atteinte aux droits du lecteur », ce qui me paraît un positionnement particulièrement intéressant dans un contexte universitaire.
En effet, un rédacteur qui n’indique pas le nom et la source des œuvres qui ont inspiré son travail de recherche coupe le lien académique et ne donne pas son contexte de réflexion. Pourtant le lecteur doit pouvoir lire les sources afin de :
- conduire ses propres analyses
- se faire une autre idée
- contester les hypothèses du rédacteur et en créer de nouvelles.
Ce travail d’analyse fait aussi partie du modèle académique vertueux de revue par les pairs. L’empêcher peut conduire à la création de fausses connaissances.
Prévenir le plagiat
Pour lutter contre le plagiat il convient donc de ne pas compter uniquement sur les actions en justice des plagiés mais de mettre en place des actions préventives : l’institution doit affirmer son engagement, former les étudiants et valoriser leur capacité à produire de la connaissance de façon intègre. (Simmonot, 2014)
Si le plagiat est un problème qui n’est pas nouveau, ces actions préventives sont d’autant plus urgentes à mettre en place dans un contexte où le recours à l’Intelligence Artificielle générative (IAg) s’est beaucoup développé. Car le fait qu’un rédacteur ne donne pas à connaître à son lecteur l’origine des mots qu’il a repris d’une IAg a finalement les mêmes conséquences sur la connaissance que le plagiat d’une œuvre de l’esprit.
Références bibliographiques
BERGADAÀ, Michelle, 2015. Le plagiat académique: comprendre pour agir. Paris : L’Harmattan. Questions contemporaines. ISBN 978-2-343-07531-0.
LATIL, Arnaud, 2017. Le plagiat au défi du droit. Revue Droit & Littérature [en ligne]. 2017. Vol. 1, n° 1, pp. 61‑79. [Consulté le 16 janvier 2025]. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.3917/rdl.001.0061
SIMONNOT, Brigitte, 2014. Le plagiat universitaire, seulement une question d’éthique ? Questions de communication [en ligne]. 31 décembre 2014. N° 26, pp. 219‑233. [Consulté le 16 janvier 2025]. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.9304